ACTE QUATRIEME
Le théâtre représente le fleuve Achéron et ses sombres rivages.

SCENE PREMIERE
CHARON, LES OMBRES

CHARON ramant sa barque
Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.
On y vient jeune, ou vieillard,
Ainsi qu’il plaît à la Parque;
On y reçoit sans égard
Le berger, et le monarque.
Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.

Vous qui voulez passer, venez, Mânes errants,
Venez, avancez, tristes Ombres,
Payez le tribut que je prends,
Ou retournez errer sur ces rivages sombres.

LES OMBRES
Passe-moi, Charon, passe-moi.

CHARON
Il faut auparavant que l’on me satisfasse,
On doit payer les soins d’un si pénible emploi.

LES OMBRES
Passe-moi, Charon, passe-moi.
Charon fait entrer dans sa barque les Ombres qui ont de quoi le payer.

CHARON
Donne, passe, donne, passe,
Demeure, toi.
Tu n’as rien, il faut qu’on te chasse.

UNE OMBRE rebutée
Une Ombre tient si peu de place.

CHARON
Ou paie, ou tourne ailleurs tes pas.

L’OMBRE
De grâce, par pitié, ne me rebute pas.

CHARON
La pitié n’est point ici-bas,
Et Charon ne fait point de grâce.

L’OMBRE
Hélas! Charon, hélas! hélas!

CHARON
Crie hélas! tant que tu voudras ,
Rien pour rien, en tous lieux est une loi suivie.
Les mains vides sont sans appas,
Et ce n’est point assez de payer dans la vie,
Il faut encor payer au-delà du Trépas.

L’OMBRE en se retirant
Hélas! Charon, hélas! hélas!

CHARON
Il m’importe peu que l’on crie
Hélas! Charon, hélas! hélas!
Il faut encor payer au-delà du Trépas.


SCENE SECONDE
ALCIDE, CHARON, LES OMBRES

ALCIDE sautant dans la barque
Sortez, Ombres, faites-moi place,
Vous passerez une autre fois.
Les Ombres s’enfuient.

CHARON
Ah! ma barque ne peut souffrir un si grand poids!

ALCIDE
Allons, il faut que l’on me passe.

CHARON
Retire-toi d’ici, Mortel, qui que tu sois,
Les Enfers irrités puniront ton audace.

ALCIDE
Passe-moi, sans tant de façons.

CHARON
L’eau nous gagne, ma barque crève.

ALCIDE
Allons, rame, dépêche, achève.

CHARON
Nous enfonçons.

ALCIDE
Passons, passons.



SCENE TROISIEME
Le théâtre change, et représente le Palais de Pluton.

PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, Suivants de Pluton

PLUTON sur son trône
Reçois le juste prix de ton amour fidèle;
Que ton Destin nouveau soit heureux à jamais.
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

SUIVANTS DE PLUTON
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

PROSERPINE à côté de PLUTON
L’épouse de Pluton te retient auprès d’elle;
Tous tes vœux seront satisfaits.

SUIVANTS DE PLUTON
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

PLUTON et PROSERPINE
En faveur d’une Ombre si belle,
Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits.

SUIVANTS DE PLUTON
En faveur d’une Ombre si belle,
Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits.

Les Suivants de Pluton se réjouissent de la venue d’Alceste dans les Enfers, par une espèce de Fête.

SUIVANTS DE PLUTON
Tout mortel doit ici paraître,
On ne peut naître
Que pour mourir.
De cent maux le Trépas délivre;
Qui cherche à vivre
Cherche à souffrir.
Venez tous, sur nos sombres bords.
Le Repos qu’on désire
Ne tient son Empire
Que dans le séjour des Morts.

Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.
C’est pour tous une loi nécessaire;
L’effort qu’on peut faire
N’est qu’un vain effort.
Est-on sage
De fuir ce passage?
C’est un orage
Qui mène au port.
Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.
Tous les charmes,
Plaintes, cris, larmes,
Tout est sans armes
Contre la Mort.
Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.


SCENE QUATRIEME
ALECTON, PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, SUIVANTS DE PLUTON

ALECTON
Quittez, quittez les Jeux, songez à vous défendre,
Contre un audacieux unissons nos efforts:
Le fils de Jupiter vient ici de descendre.
Seul, il ose attaquer tout l’Empire des Morts.

PLUTON
Qu’on arrête ce téméraire,
Armez-vous, amis, armez-vous,
Qu’on déchaîne Cerbère,
Courez tous, courez tous.
On entend aboyer Cerbère.

ALECTON
Son bras abat tout ce qu’il frappe.
Tout cède à ses horribles coups.
Rien ne résiste, rien n’échappe.


SCENE CINQUIEME
ALCIDE, PLUTON, PROSERPINE, ALECTON, Suivants de Pluton

PLUTON voyant Alcide qui enchaîne Cerbère
Insolent, jusqu’ici braves-tu mon courroux?

Quelle injuste audace t’engage
A troubler la paix de ces lieux?

ALCIDE
Je suis né pour dompter la rage
Des monstres les plus furieux.

PLUTON
Est-ce le Dieu jaloux qui lance le Tonnerre
Qui t’oblige à porter la guerre
Jusqu’au centre de l’Univers ?
Il tient sous son pouvoir et le Ciel et la Terre,
Veut-il encor ravir l’Empire des Enfers?

ALCIDE
Non, Pluton, règne en paix, jouis de ton partage;
Je viens chercher Alceste en cet affreux séjour.
Permets que je la rende au jour,
Je ne veux point d’autre avantage.
Si c’est te faire outrage
D’entrer par force dans ta Cour,
Pardonne à mon Courage
Et fais grâce à l’Amour.

PROSERPINE
Un grand cœur peut tout quand il aime,
Tout doit céder à son effort.
C’est un arrêt du Sort,
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

PLUTON
Les enfers, Pluton lui-même,
Tout doit en être d’accord;
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

SUIVANTS DE PLUTON
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

PLUTON
Que pour revoir le jour l’Ombre d’Alceste sorte;

Pluton donne un coup de son Trident et fait sortir son char.

Prenez place tous deux au char dont je me sers.
Qu’au gré de vos vœux il vous porte;
Partez, les chemins sont ouverts.
Qu’une volante Escorte
Vous conduise au travers
Des noires vapeurs des Enfers.

Alcide et l’Ombre d’Alceste se placent sur le Char de Pluton, qui les enlève sous la conduite d’une troupe volante de Suivants de Pluton.

Fin du quatrième Acte.
ACTE QUATRIEME
Le théâtre représente le fleuve Achéron et ses sombres rivages.

SCENE PREMIERE
CHARON, LES OMBRES

CHARON ramant sa barque
Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.
On y vient jeune, ou vieillard,
Ainsi qu’il plaît à la Parque;
On y reçoit sans égard
Le berger, et le monarque.
Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.

Vous qui voulez passer, venez, Mânes errants,
Venez, avancez, tristes Ombres,
Payez le tribut que je prends,
Ou retournez errer sur ces rivages sombres.

LES OMBRES
Passe-moi, Charon, passe-moi.

CHARON
Il faut auparavant que l’on me satisfasse,
On doit payer les soins d’un si pénible emploi.

LES OMBRES
Passe-moi, Charon, passe-moi.
Charon fait entrer dans sa barque les Ombres qui ont de quoi le payer.

CHARON
Donne, passe, donne, passe,
Demeure, toi.
Tu n’as rien, il faut qu’on te chasse.

UNE OMBRE rebutée
Une Ombre tient si peu de place.

CHARON
Ou paie, ou tourne ailleurs tes pas.

L’OMBRE
De grâce, par pitié, ne me rebute pas.

CHARON
La pitié n’est point ici-bas,
Et Charon ne fait point de grâce.

L’OMBRE
Hélas! Charon, hélas! hélas!

CHARON
Crie hélas! tant que tu voudras ,
Rien pour rien, en tous lieux est une loi suivie.
Les mains vides sont sans appas,
Et ce n’est point assez de payer dans la vie,
Il faut encor payer au-delà du Trépas.

L’OMBRE en se retirant
Hélas! Charon, hélas! hélas!

CHARON
Il m’importe peu que l’on crie
Hélas! Charon, hélas! hélas!
Il faut encor payer au-delà du Trépas.


SCENE SECONDE
ALCIDE, CHARON, LES OMBRES

ALCIDE sautant dans la barque
Sortez, Ombres, faites-moi place,
Vous passerez une autre fois.
Les Ombres s’enfuient.

CHARON
Ah! ma barque ne peut souffrir un si grand poids!

ALCIDE
Allons, il faut que l’on me passe.

CHARON
Retire-toi d’ici, Mortel, qui que tu sois,
Les Enfers irrités puniront ton audace.

ALCIDE
Passe-moi, sans tant de façons.

CHARON
L’eau nous gagne, ma barque crève.

ALCIDE
Allons, rame, dépêche, achève.

CHARON
Nous enfonçons.

ALCIDE
Passons, passons.



SCENE TROISIEME
Le théâtre change, et représente le Palais de Pluton.

PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, Suivants de Pluton

PLUTON sur son trône
Reçois le juste prix de ton amour fidèle;
Que ton Destin nouveau soit heureux à jamais.
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

SUIVANTS DE PLUTON
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

PROSERPINE à côté de PLUTON
L’épouse de Pluton te retient auprès d’elle;
Tous tes vœux seront satisfaits.

SUIVANTS DE PLUTON
Commence de goûter la douceur éternelle
D’une profonde paix.

PLUTON et PROSERPINE
En faveur d’une Ombre si belle,
Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits.

SUIVANTS DE PLUTON
En faveur d’une Ombre si belle,
Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits.

Les Suivants de Pluton se réjouissent de la venue d’Alceste dans les Enfers, par une espèce de Fête.

SUIVANTS DE PLUTON
Tout mortel doit ici paraître,
On ne peut naître
Que pour mourir.
De cent maux le Trépas délivre;
Qui cherche à vivre
Cherche à souffrir.
Venez tous, sur nos sombres bords.
Le Repos qu’on désire
Ne tient son Empire
Que dans le séjour des Morts.

Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.
C’est pour tous une loi nécessaire;
L’effort qu’on peut faire
N’est qu’un vain effort.
Est-on sage
De fuir ce passage?
C’est un orage
Qui mène au port.
Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.
Tous les charmes,
Plaintes, cris, larmes,
Tout est sans armes
Contre la Mort.
Chacun vient ici-bas prendre place,
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.


SCENE QUATRIEME
ALECTON, PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, SUIVANTS DE PLUTON

ALECTON
Quittez, quittez les Jeux, songez à vous défendre,
Contre un audacieux unissons nos efforts:
Le fils de Jupiter vient ici de descendre.
Seul, il ose attaquer tout l’Empire des Morts.

PLUTON
Qu’on arrête ce téméraire,
Armez-vous, amis, armez-vous,
Qu’on déchaîne Cerbère,
Courez tous, courez tous.
On entend aboyer Cerbère.

ALECTON
Son bras abat tout ce qu’il frappe.
Tout cède à ses horribles coups.
Rien ne résiste, rien n’échappe.


SCENE CINQUIEME
ALCIDE, PLUTON, PROSERPINE, ALECTON, Suivants de Pluton

PLUTON voyant Alcide qui enchaîne Cerbère
Insolent, jusqu’ici braves-tu mon courroux?

Quelle injuste audace t’engage
A troubler la paix de ces lieux?

ALCIDE
Je suis né pour dompter la rage
Des monstres les plus furieux.

PLUTON
Est-ce le Dieu jaloux qui lance le Tonnerre
Qui t’oblige à porter la guerre
Jusqu’au centre de l’Univers ?
Il tient sous son pouvoir et le Ciel et la Terre,
Veut-il encor ravir l’Empire des Enfers?

ALCIDE
Non, Pluton, règne en paix, jouis de ton partage;
Je viens chercher Alceste en cet affreux séjour.
Permets que je la rende au jour,
Je ne veux point d’autre avantage.
Si c’est te faire outrage
D’entrer par force dans ta Cour,
Pardonne à mon Courage
Et fais grâce à l’Amour.

PROSERPINE
Un grand cœur peut tout quand il aime,
Tout doit céder à son effort.
C’est un arrêt du Sort,
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

PLUTON
Les enfers, Pluton lui-même,
Tout doit en être d’accord;
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

SUIVANTS DE PLUTON
Il faut que l’Amour extrême
Soit plus fort
Que la Mort.

PLUTON
Que pour revoir le jour l’Ombre d’Alceste sorte;

Pluton donne un coup de son Trident et fait sortir son char.

Prenez place tous deux au char dont je me sers.
Qu’au gré de vos vœux il vous porte;
Partez, les chemins sont ouverts.
Qu’une volante Escorte
Vous conduise au travers
Des noires vapeurs des Enfers.

Alcide et l’Ombre d’Alceste se placent sur le Char de Pluton, qui les enlève sous la conduite d’une troupe volante de Suivants de Pluton.

Fin du quatrième Acte.


最終更新:2014年05月03日 01:09