ACTE 3
(Le theatre change, et represente le mont Etna vomissant des flâmes, et les lieux d'alentour.)

SCENE 1
Alphée, Arethuse, Crinise, troupe de nymphes, troupe de dieux des bois.

Tous Ensemble
Proserpine, Respondez-nous :
Helas ! En quels lieux estes-vous ?
O disgrace cruelle !
L' echo fidelle
Au fond des bois
Respond à nostre voix ;
Proserpine ? Ah faut-il qu' en vain on vous appelle !
Proserpine ? Respondez-nous ?
Helas ! En quels lieux estes vous ?
O disgrace cruelle !

SCENE 2
Arethuse, Alphée

Arethuse
N' aurois-je point innocemment
Causé tant de cris et de larmes ?
D' un desir curieux je n' ay point pris d' allarmes ;
Qui croiroit que Pluton pût devenir amant !
Il demandoit à voir Proserpine un moment,
Je crains qu' il n' ait trop veu ses charmes,
Ce n' est que par mes soins que Ceres peut sçavoir
Si le dieu des enfers tient sa fille captive ;
Il m' est permis d' aller sur l' infernale rive :
Adieu, dans peu de temps j' espere vous revoir.

Alphée
Pouvez-vous oublier qu' il faut que je vous suive ?
J' ay sans cesse suivy vos pas
Quand j' excitois vostre colere :
Quand j' ay cessé de vous déplaire
Pourrois-je ne vous suivre pas ?

Arethuse
Du maistre des enfers je veux aller me plaindre,
Craignez en me suivant d' attirer son courroux.

Alphée
Pour moy rien n' est tant à craindre
Que d' estre éloigné de vous.
Que l' absence de ce qu' on aime
Est un supplice rigoureux !
Pour les coeurs amoureux,
Tout autre mal cede à ce mal extresme,
Et l' enfer mesme
N' a rien de plus affreux
Que l' absence de ce qu' on aime.

Alphée et Arethuse.
Le bonheur est par tout où l' amour est en paix,
Ne nous quittons jamais.

SCENE 3
Alphée, Arethuse, Crinise, troupes de nymphes et de dieux des bois.

Tous Ensemble
Ceres revient ! Ah qu' elle peine !
Cachons-nous à ses yeux.
Sa fille n' est plus dans ces lieux ;
Son esperance est vaine.
Que luy pourrons-nous dire, ô dieux !
Ceres revient ; ah quelle peine !
Cachons-nous à ses yeux,

(Les nymphes et les dieux des bois se cachent, Alphée et Arethuse descendent aux enfers, le Char volant de Ceres s' arreste, et la déesse en descend.)

SCENE 4
Ceres, seule.
Je vais revoir ma fille, elle est dans ces campagnes :
Je viens d' y voir les nymphes ses compagnes.
Je vais goûter prés d' elle un sort doux et charmant.
Helas ! Qu' un tendre amour accroît l' empressement
De la tendresse maternelle.
Proserpine est pour moy le gage precieux
De l' amour du plus grand des dieux,
C' est Jupiter que j' aime en elle.
J' ay rendu les humains heureux,
Mes travaux ont comblé leurs voeux ;
Il m' est permis enfin d' estre heureuse moy-mesme :
Apres avoir acquis un immortel honneur,
Quand chacun par mes soins goûte un bonheur extresme
Qu' il m' est doux de songer à mon propre bonheur.
Les nymphes de ces lieux semblent fuir ma presence :
Proserpine ? Ma fille ? Ah quel triste silence !
Est-ce ainsi qu' on devoit dans cet heureux séjour
Se réjouir de mon retour ?
Venez, nymphes, venez, que ma fille s' avance.
Venez, dieux des bois, venez-tous.

SCENE 5
Ceres, Crinise, troupes de nymphes et de dieux des bois.

Ceres
Ma fille n' est pas avec vous !
Quoy, donc, est-ce le soin que vous en deviez prendre ?
Rendez-moy Proserpine. Au lieu de me la rendre,
Vous m' offrez seulement des soupirs et des pleurs ?

Le Choeur
O Ceres ! ô mere trop tendre !
Ah!quelles seront vos douleurs.

Ceres
Ciel ! On m' oste ma fille ! Et qui l' ose entreprendre ?

Deux Nymphes
Nous n' avons pu l' aprendre,
Et l' on a pris le temps que nous cüeillions des fleurs.

Ceres
J' ay cru qu' un doux repos devoit icy m' attendre,
Et je n' y trouve, helas ! Que de cruels malheurs.

Le Choeur
O Ceres ! ô mere trop tendre !
Ah ! Quelles seront vos douleurs !

SCENE 6
Cyané, Ceres, Crinise, troupes de nymphes et de dieux champestres.

Cyané
Je ressens vos ennuis, et j' en suis trop atteinte,
Quoy qu' il puisse arriver, vous allez tout sçavoir.
Il faut que mon devoir
L' emporte sur ma crainte.

Ceres
Parle, ma chere cyané ;
Soulage un coeur infortuné.

Cyané
J' ay suivy Proserpine, et j' ay pris sa deffense !
Helas tous mes efforts pour elle ont esté vains !
Son escharpe est entre mes mains...

Ceres
Ce cher et triste objet presse encore ma vangeance.
Haste-toy de nommer l' ennemy qui m' offence.

Cyané
C' est... C' est...

Ceres
Achève.

Cyané
C' est...

Ceres et Le Choeur.
Ah ! Quel malheur nouveau !
Cyané perd la voix et n' est plus qu' un ruisseau.

SCENE 7
Ceres, Crinise, troupe de nymphes, et de dieux des bois.

Ceres
O malheureuse mere !

Le Choeur
O trop malheureuse Ceres !

Ceres
Les dieux n' ont pu souffrir qu' une nymphe sincere
M' ait découvert mes ennemis secrets.
Je ne sçauray donc pas sur qui lancer les traits
De ma juste colere ?
On me ravit une fille si chere !
Jupiter dans les cieux sourd à mes vains regrets
Ne ressent plus qu' il est son pere !
O malheureuse mere !

Le Choeur
O trop malheureuse Ceres !

Ceres
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux ?
De cette audace criminelle
Est-ce Apollon ou Mars que je doy soupçonner ?
Leurs meres en fureur n' ont pu me pardonner
D' avoir une fille si belle.
Dois-je accuser l'Amour, et sert-il aujourd' huy
A me ravir un bien que je tenois de luy ?
Trahiroit-il mon coeur fidelle ?
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux ! Pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux ?
Par mes soins, les champs de Cybele
De fruits, et de moissons viennent d' estre couverts ;
De mes dons precieux la richesse nouvelle
Brille par mes travaux en cent climats divers,
Et quand de tant de biens j' ay comblé l' univers,
Les dieux percent mon coeur d' une douleur mortelle.
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux.
Apres un si sensible outrage,
Mon coeur desespéré s' abandonne à la rage.
Du monde trop heureux je veux troubler la paix :
Brulons, ravageons-tout, détruisons mes bien-faits.

SCENE 8
Ceres, troupes de nymphes et de dieux champestres, troupe de suivants de Ceres, troupe de peuples de Sicile.
(Les suivants de Ceres rompent les arbres et en prennent des branches et en font des flambeaux qu' ils allument au feu qui sort du mont Etna. Ils en brulent les bleds, malgré les efforts et les cris des nymphes, des dieux champestres, et des peuples.)

Ceres, tenant deux flambeaux allumés.
Que tout se ressente
De la fureur que je sens.

Le choeur des dieux champestres et des peuples.
Quel crime avons-nous fait ? Divinité puissante,
Écoutez les clameurs des peuples gemissants.

Ceres
J' ay fait du bien à tous, ma fille est innocente,
Et pour toucher les dieux, nos cris sont impuissants ;
J' entendray sans pitié les cris des innocents :
Que tout se ressente
De la fureur que je sens.

Le Choeur
Ah ! Quelle espouvantable flâme !
Ah ! Quel ravage affreux !

Ceres
Portons par tout l' horreur qui regne dans mon ame.
Portons par tout d' horribles feux.

Le Choeur
Ah ! Quelle espouvantable flâme !
Ah ! Quel ravage affreux !

Fin du troisième Acte.
ACTE 3
(Le theatre change, et represente le mont Etna vomissant des flâmes, et les lieux d'alentour.)

SCENE 1
Alphée, Arethuse, Crinise, troupe de nymphes, troupe de dieux des bois.

Tous Ensemble
Proserpine, Respondez-nous :
Helas ! En quels lieux estes-vous ?
O disgrace cruelle !
L' echo fidelle
Au fond des bois
Respond à nostre voix ;
Proserpine ? Ah faut-il qu' en vain on vous appelle !
Proserpine ? Respondez-nous ?
Helas ! En quels lieux estes vous ?
O disgrace cruelle !

SCENE 2
Arethuse, Alphée

Arethuse
N' aurois-je point innocemment
Causé tant de cris et de larmes ?
D' un desir curieux je n' ay point pris d' allarmes ;
Qui croiroit que Pluton pût devenir amant !
Il demandoit à voir Proserpine un moment,
Je crains qu' il n' ait trop veu ses charmes,
Ce n' est que par mes soins que Ceres peut sçavoir
Si le dieu des enfers tient sa fille captive ;
Il m' est permis d' aller sur l' infernale rive :
Adieu, dans peu de temps j' espere vous revoir.

Alphée
Pouvez-vous oublier qu' il faut que je vous suive ?
J' ay sans cesse suivy vos pas
Quand j' excitois vostre colere :
Quand j' ay cessé de vous déplaire
Pourrois-je ne vous suivre pas ?

Arethuse
Du maistre des enfers je veux aller me plaindre,
Craignez en me suivant d' attirer son courroux.

Alphée
Pour moy rien n' est tant à craindre
Que d' estre éloigné de vous.
Que l' absence de ce qu' on aime
Est un supplice rigoureux !
Pour les coeurs amoureux,
Tout autre mal cede à ce mal extresme,
Et l' enfer mesme
N' a rien de plus affreux
Que l' absence de ce qu' on aime.

Alphée et Arethuse.
Le bonheur est par tout où l' amour est en paix,
Ne nous quittons jamais.

SCENE 3
Alphée, Arethuse, Crinise, troupes de nymphes et de dieux des bois.

Tous Ensemble
Ceres revient ! Ah qu' elle peine !
Cachons-nous à ses yeux.
Sa fille n' est plus dans ces lieux ;
Son esperance est vaine.
Que luy pourrons-nous dire, ô dieux !
Ceres revient ; ah quelle peine !
Cachons-nous à ses yeux,

(Les nymphes et les dieux des bois se cachent, Alphée et Arethuse descendent aux enfers, le Char volant de Ceres s' arreste, et la déesse en descend.)

SCENE 4
Ceres, seule.
Je vais revoir ma fille, elle est dans ces campagnes :
Je viens d' y voir les nymphes ses compagnes.
Je vais goûter prés d' elle un sort doux et charmant.
Helas ! Qu' un tendre amour accroît l' empressement
De la tendresse maternelle.
Proserpine est pour moy le gage precieux
De l' amour du plus grand des dieux,
C' est Jupiter que j' aime en elle.
J' ay rendu les humains heureux,
Mes travaux ont comblé leurs voeux ;
Il m' est permis enfin d' estre heureuse moy-mesme :
Apres avoir acquis un immortel honneur,
Quand chacun par mes soins goûte un bonheur extresme
Qu' il m' est doux de songer à mon propre bonheur.
Les nymphes de ces lieux semblent fuir ma presence :
Proserpine ? Ma fille ? Ah quel triste silence !
Est-ce ainsi qu' on devoit dans cet heureux séjour
Se réjouir de mon retour ?
Venez, nymphes, venez, que ma fille s' avance.
Venez, dieux des bois, venez-tous.

SCENE 5
Ceres, Crinise, troupes de nymphes et de dieux des bois.

Ceres
Ma fille n' est pas avec vous !
Quoy, donc, est-ce le soin que vous en deviez prendre ?
Rendez-moy Proserpine. Au lieu de me la rendre,
Vous m' offrez seulement des soupirs et des pleurs ?

Le Choeur
O Ceres ! ô mere trop tendre !
Ah!quelles seront vos douleurs.

Ceres
Ciel ! On m' oste ma fille ! Et qui l' ose entreprendre ?

Deux Nymphes
Nous n' avons pu l' aprendre,
Et l' on a pris le temps que nous cüeillions des fleurs.

Ceres
J' ay cru qu' un doux repos devoit icy m' attendre,
Et je n' y trouve, helas ! Que de cruels malheurs.

Le Choeur
O Ceres ! ô mere trop tendre !
Ah ! Quelles seront vos douleurs !

SCENE 6
Cyané, Ceres, Crinise, troupes de nymphes et de dieux champestres.

Cyané
Je ressens vos ennuis, et j' en suis trop atteinte,
Quoy qu' il puisse arriver, vous allez tout sçavoir.
Il faut que mon devoir
L' emporte sur ma crainte.

Ceres
Parle, ma chere cyané ;
Soulage un coeur infortuné.

Cyané
J' ay suivy Proserpine, et j' ay pris sa deffense !
Helas tous mes efforts pour elle ont esté vains !
Son escharpe est entre mes mains...

Ceres
Ce cher et triste objet presse encore ma vangeance.
Haste-toy de nommer l' ennemy qui m' offence.

Cyané
C' est... C' est...

Ceres
Achève.

Cyané
C' est...

Ceres et Le Choeur.
Ah ! Quel malheur nouveau !
Cyané perd la voix et n' est plus qu' un ruisseau.

SCENE 7
Ceres, Crinise, troupe de nymphes, et de dieux des bois.

Ceres
O malheureuse mere !

Le Choeur
O trop malheureuse Ceres !

Ceres
Les dieux n' ont pu souffrir qu' une nymphe sincere
M' ait découvert mes ennemis secrets.
Je ne sçauray donc pas sur qui lancer les traits
De ma juste colere ?
On me ravit une fille si chere !
Jupiter dans les cieux sourd à mes vains regrets
Ne ressent plus qu' il est son pere !
O malheureuse mere !

Le Choeur
O trop malheureuse Ceres !

Ceres
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux ?
De cette audace criminelle
Est-ce Apollon ou Mars que je doy soupçonner ?
Leurs meres en fureur n' ont pu me pardonner
D' avoir une fille si belle.
Dois-je accuser l'Amour, et sert-il aujourd' huy
A me ravir un bien que je tenois de luy ?
Trahiroit-il mon coeur fidelle ?
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux ! Pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux ?
Par mes soins, les champs de Cybele
De fruits, et de moissons viennent d' estre couverts ;
De mes dons precieux la richesse nouvelle
Brille par mes travaux en cent climats divers,
Et quand de tant de biens j' ay comblé l' univers,
Les dieux percent mon coeur d' une douleur mortelle.
Ah ! Quelle injustice cruelle !
O dieux pourquoy m' arrachez-vous
Un bien que je trouvois si doux.
Apres un si sensible outrage,
Mon coeur desespéré s' abandonne à la rage.
Du monde trop heureux je veux troubler la paix :
Brulons, ravageons-tout, détruisons mes bien-faits.

SCENE 8
Ceres, troupes de nymphes et de dieux champestres, troupe de suivants de Ceres, troupe de peuples de Sicile.
(Les suivants de Ceres rompent les arbres et en prennent des branches et en font des flambeaux qu' ils allument au feu qui sort du mont Etna. Ils en brulent les bleds, malgré les efforts et les cris des nymphes, des dieux champestres, et des peuples.)

Ceres, tenant deux flambeaux allumés.
Que tout se ressente
De la fureur que je sens.

Le choeur des dieux champestres et des peuples.
Quel crime avons-nous fait ? Divinité puissante,
Écoutez les clameurs des peuples gemissants.

Ceres
J' ay fait du bien à tous, ma fille est innocente,
Et pour toucher les dieux, nos cris sont impuissants ;
J' entendray sans pitié les cris des innocents :
Que tout se ressente
De la fureur que je sens.

Le Choeur
Ah ! Quelle espouvantable flâme !
Ah ! Quel ravage affreux !

Ceres
Portons par tout l' horreur qui regne dans mon ame.
Portons par tout d' horribles feux.

Le Choeur
Ah ! Quelle espouvantable flâme !
Ah ! Quel ravage affreux !

Fin du troisième Acte.


最終更新:2014年06月05日 11:09