Acte II
OLYMPIA
Un riche cabinet de Physicien, donnant dans une galerie dont les portes sont closes par des tapisseries; portes latérales fermées également par des portières. Le théâtre est éclairé par des bougies.
A Scène
SPALANZANI
(Il tient la portière de droite soulevée)
Là!… dors en paix.
(Il vient sur le devant de la scène eu se frottant les mains)
Eh! Eh! sage, modeste et belle!
Je rentrerai, par elle, dans les cinq-cents ducats
que la banqueroute
Du juif Elias me coûte!
Reste Coppélius dont la duplicité
Pour avoir de moi quelque somme,
Peut réclamer des droits à la paternité.
Diable d’homme! il est loin, par bonheur!
(Hoffmann paraît)
SPALANZANI
(à Hoffmann)
Ah! Bonjour! Enchanté!
HOFFMANN
Je viens trop tôt, peut-être?
SPALANZANI
Comment donc, un élève!
HOFFMANN
Indigne de son maître!
SPALANZANI
Trop modeste, en veritè!
Plus de vers, plus de musique,
Et vous serez, en physique,
Professeur de faculté!
Vous connaîtrez ma fille:
Un sourire angélique!
(solennel)
La physique est tout, mon cher!
Olympia vaut très cher!
HOFFMANN
(à part)
Quel rapport la physique a-t-elle
avec sa fille?
SPALANZANI
(appelant)
Holà! Eh! Cochenille!
(à Cochenille)
Fais allumer partout!
COCHENILLE
(paraît)
Et… le… champagne?
SPALANZANI
Attends, suis-moi.
(à Hoffmann)
Pardon, mon cher, je reviens dans l’instant.
(Spalanzani et Cochenille sortent)
N° 7. Récit et Romance
HOFFMANN
Allons! courage et confiance,
Je deviens un puit de science,
Il faut tourner selon le vent
Pour mériter celle que j‘aime,
Je saurai trouvez en moi-même
L’étoffe d’un savant.
Elle est là… Si j’osais!…
(Il soulève doucement la portière à sa droite)
C’est elle! Elle sommeille!
Elle sommeille! Qu’elle est belle!
Ah! vivre deux, n’avoir qu’une même espérance,
Un même souvenir!
Partager le bonheur, partager la souffrance,
partager la souffrance, oui, la souffrance,
Partager l’avenir!
Laisse, laisse ma flamme
Verser en toi le jour.
Ah! Laisse éclore ton âme
Aux rayons de l’amour!
Laisse éclore ton âme
Aux rayons de l’amour.
Foyer divin! Soleil dont l’ardeur nous pénètre
Et nous vient embraser!
Ineffable délire ou l’on sent tout son être,
ou l’on sent tout son être
oui, tout son être
Se fondre en un baiser.
Laisse, laisse ma flamme
Verser en toi le jour.
Ah! Laisse éclore ton âme
Aux rayons de l’amour,
Laisse éclore ton âme
Aux rayons de l’amour.
(Il soulève de nouveau la portière: Nichlausse paraît)
N° 8. Scène et Couplets
NICKLAUSSE
(paraissant au fond)
Par Dieu! j’étais bien sûr
de te trouver ici!
HOFFMANN
(laissant tomber brusquement la portière)
Chut!
NICKLAUSSE
Pourquoi? C’est là que respire la belle Olympia!
Va! mon enfant, admire!
HOFFMANN
C’est un ange, oui, je l’adore!
NICKLAUSSE
Attends à la connaître mieux.
HOFFMANN
L’âme qu’on aime est aisée à connaître.
NICKLAUSSE
(railleur)
Quoi! d’un regard, par la fenêtre?
HOFFMANN
Il suffit d’un regard pour embrasser les cieux!
NICKLAUSSE
Quelle chaleur!
Au moins sait-elle que tu l’aimes?
HOFFMANN
Non!
NICKLAUSSE
Écris-lui!
HOFFMANN
Je n’ose pas.
NICKLAUSSE
Pauvre agneau!… parle-lui!
HOFFMANN
Les dangers sont les mêmes.
NICKLAUSSE
Alors chante, morbleu! pour sortir d’un tel pas.
HOFFMANN
Monsieur Spalanzani n’aime pas la musique.
NICKLAUSSE
(riant)
Oui, je sais,
tout pour la physique, pour la physique!
Une poupée aux yeux d’émail
Jouait au mieux de l’éventail
Auprès d’un petit coq en cuivre.
Tous deux chantaient à l’unisson
D’une merveilleuse façon,
Dansaient, caquetaient, semblaient vivre.
HOFFMANN
Plait-il? Pourquoi cette chanson?
NICKLAUSSE
Ah!
Le petit coq luisant et vif,
Avec un air rébarbatif,
Tournait par trois fois sur lui-même.
Par un rouage ingénieux
La poupée en roulant les yeux,
Soupirait et disait: Je t’aime!
B Scène
(Coppélius entre)
COPPÉLIUS
(à demi-voix)
C’est moi, Coppélius… doucement!
prenons garde!
(apercevant Hoffmann)
Quelqu’un…
NICKLAUSSE
(se retournant)
Hein!
COPPÉLIUS
…que’est-ce donc? que ce monsieur regarde?
(regardant par d’essus l’epaule d’Hoffmann)
Notre Olympia! fort bien!
NICKLAUSSE
(à part)
Leur Olympia!
COPPÉLIUS
(élevant la voix; à Hoffmann)
Jeune homme!
Eh! Monsieur!
Il n’entend rien.
(lui tapant doucement sur l’épaule)
Monsieur!
(tapant plus fort)
Monsieur!
HOFFMANN
(se retournant)
Plait-il?
COPPÉLIUS
Je me nomme Coppélius,
Un ami de Monsieur Spalanzani
(Hoffmann salue)
Voyez ces baromètres,
Hygromètres,
Thermomètres, au rabais,
Mais au comptant;
Voyez, vous en serez content!
(vidant à terre son sac rempli de lorgnons, de lunettes et de lorgnettes)
Chacun de ces lorgnons rend noir comme le jais,
Ou blanc comme l’hermine, comme l’hermine;
Assombrit, assombrit, illumine!
J’ai des yeux, de vrais yeux,
des yeux vivants, des yeux de flamme,
Des yeux merveilleux qui vont
jusques au fond de l’âme
Et qui même en bien des cas
En peuvent prêter une
A ceux qui n’en ont pas:
J’ai des yeux, de vrais yeux vivants,
des yeux de flamme,
J’ai des yeux, de beaux yeux. Oui!
Veux-tu voir le coeur d’une femme!
S’il est pur ou s’il est infâme?
Ou bien préfères-tu le voir,
Le voir tout blanc quand il es noir?
Prends et tu verras ce que tu voudras.
Prenez mes yeux, mes yeux vivants,
mes yeux de flamme,
Mes yeux qui percent l’âme,
prenez mes yeux!
HOFFMANN
Dis-tu vrai?
COPPÉLIUS
Voyez!
HOFFMANN
Donne!
COPPÉLIUS
Trois ducats!…
HOFFMANN
(soulevant la portière et regardant)
Juste ciel! Dieu puissant! quelle grâce
rayonne sur son front!
COPPÉLIUS
(continuant)
Trois ducats!
HOFFMANN
Cher ange, est-ce bien toi?
COPPÉLIUS
Trois ducats!
(Nicklausse va vers Coppélius et lui donne les ducats)
HOFFMANN
Ah! pourquoi me ravir cette image
De bonheur et d’amour?
(Spalanzani entre en se frottant les mains)
SPALANZANI
(apercevant Coppélius)
Hein! Vous?
COPPÉLIUS
Ce cher Maître!
SPALANZANI
Comment! il était convenu…
COPPÉLIUS
Rien d’écrit.
SPALANZANI
Mais…
COPPÉLIUS
Chimère!
L’argent sur vous pleuvra dans peu,
Je veux tout partager.
SPALANZANI
Ne suis-je pas le père d’Olympia?
COPPÉLIUS
Pardon! Elle a mes yeux.
SPALANZANI
(presque parlé)
Plus bas… plus bas… plus bas!
(à part)
Ses yeux!… Bien lui prend que
j’ignore son secret.
Mais j’y pense! oui!
(haut)
Voulez-vous ancore cinq-cents ducats?
COPPÉLIUS
Je veux bien cinq-cent ducats!
SPALANZANI
Qu’un écrit de vous m’abandonne
Ses yeux ainsi qua toute sa personne,
Et voici votre argent, sur le juif Elías.
COPPÉLIUS
Elias?
SPALANZANI
Une maison sûre.
HOFFMANN
(bas, à Nicklausse)
Quel marché peuvent-ils conclure?
COPPÉLIUS
Allons, c’est dit!
(Il écrit sur ses tablettes; ils échangent leurs papiers)
SPALANZANI
Donnat, donnat.
(Ils s’embrassent)
SPALANZANI, COPPÉLIUS
Ce cher ami!
SPALANZANI
(à part)
Va, maintenant, va te faire payer!
COPPÉLIUS
A propos, une idée!
Marier donc Olympia!
(montrant Hoffmann)
Le jeune fou qua voilà
Ne vous l’a donc pas demandée?
(Ils s’embrassent encore)
SPALANZANI, COPPÉLIUS
Ce cher ami!
(Coppélius se dirige vers le fond)
COPPÉLIUS
(sort en ricanant)
Ah! ah! ah! ah! ah! ah!
SPALANZANI
(à Hoffmann)
La physique, mon cher!
HOFFMANN
(désorienté, à part)
Ah! c’est une manie!
COCHENILLE
(paraissant au fond)
Monsieur, voi-oi-là tou-oute la compagnie!
N° 9. Chœurs, Scène et Couplets
LE CHŒUR DES INVITÉS
Non aucun hôte vraiment,
non, mais vraiment
Ne reçoit plus richement,
Par le goût sa maison brille,
sa maison brille;
Tout s’y trouve, tout s’y trouve réuni.
Ca, monsieur Spalanzani,
Ah! ça, monsieur,
ça monsieur Spalanzani,
présentez-nous votre fille.
On la dit faite à ravir,
Aimable, exempt de vices;
Nous comptons nous rafraîchir
Après quelques exercices
Non, aucun hôte vraiment,
Non mais vraiment.
Ne reçoit plus richement
Par le goût sa maison brille,
sa maison brille;
Tout s’y trouve, tout s’y trouve réuni
Tout s’y trouve, réuni, tout s’y trouve réuni.
SPALANZANI
Vous serez satisfaits, messieurs,
dans un moment.
(Il fait signe à Cochenille de le suivre et sort avec lui. Les invités se proménent par groupes en admirant la demeure de Spalanzani)
NICKLAUSSE
(s’approchant d’Hoffmann)
Enfin nous allons voir de près cette merveille,
Cette merveille sans pareille!
HOFFMANN
Silence! la voici!
(Entrée de Spalanzani conduisant Olympia. Cochenille les suit. Curiosité générale)
SPALANZANI
Mesdames et messieurs,
je vous présente
Ma fille Olympia.
LE CHŒUR DES INVITÉS
Charmante! charmante!
charmante! charmante!
Elle a de très beaux yeux;
Sa taille est fort bien prise;
Voyez comme elle est mise,
Il ne lui manque rien.
Elle a de très beaux yeux,
Sa taille est fort bien prise;
Voyez comme elle est mise,
Vraiment, elle est très bien!
HOFFMANN
(contemplant Olympia)
Ah! qu’elle est adorable!
NICKLAUSSE
Charmante! incomparable!
SPALANZANI
(à Olympia)
Quel succès est la tien!
NICKLAUSSE
Vraiment elle est très bien!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Elle a de très beaux jeux,
Sa taille est fort bien prise,
Voyez comme elle est mise,
Il ne lui manque rien.
Vraiment, vraiment.
Elle est très bien!
Vraiment, vraiment.
Elle est très bien! elle est très bien!
Elle est très bien! elle est très bien!
Très bien!
SPALANZANI
Mesdames et messieurs,
fière de vos bravos,
Et surtout impatiente
D’en conquérir de nouveaux,
Ma fille, obéissant à vos moindres caprices,
Va s’il vous plaît…
NICKLAUSSE
(à part)
Passer à d’autres exercices!
SPALANZANI
Vous chanter un grand air
En suivant de la voix,
Talent rare,
Le clavecin ou la guitare,
Ou la harpe, à votre choix.
COCHENILLE
(au fond du théâtre, en voix de fausset)
La harpe!
Une voix
(répond dans la coulisse à la voix de Cochenille)
La harpe!
SPALANZANI
Fort bien!
Cochenille, va vite nous chercher
la harpe, la harpe de ma fille.
HOFFMANN
(à part)
Je vais l’entendre,
Ô joie!
NICKLAUSSE
(à part)
Ô folle passion!
SPALANZANI
(à Olympia)
Maitrîse ton émotion, mon enfant!
(Il lui touche l’épaule)
OLYMPIA
Oui, oui.
COCHENILLE
(apporte la harpe)
Voi-oil-là!
SPALANZANI
(s’asseyant auprès d’Olympia et plaçant sa harpe devant lui)
Messieurs attention!
COCHENILLE
Attention!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Attention! Attention!
(Spalanzani accompagnant sur la harpe)
OLYMPIA
Les oiseaux dans la charmille,
Dans les cieux l’ astre du jour,
Tout parle à la jeune fille,
Tout parle à la jeune fille
D’amour!
Ah!
Tout parle d’amour!
Ah! voilà la chanson gentille,
La chanson d’Olympia! d’Olimpia!
Ah!… ah!…
Ah!… ah!… ah!… ah!… ah!
(Cochenille touche l’épaule d’Olympia: bruit d’un ressort)
Voilà la chanson gentille,
La-chanson d’Olympia, d’Olimpia!
Ah!… ah!…
LE CHŒUR DES INVITÉS
C’est la chanson d’Olympia,
La chanson d’Olympia,
C’est la chanson d’Olympia.
OLYMPIA
…Ah!… ah!… ah!…
Tout ce qui chante et résonne,
Et soupire tour à tour,
Émeut son coeur qui frissonne,
Émeut son coeur qui frissonne
D’amour!
Ah!… ah!…
Frissonne d’amour!
Ah! Voilà la chanson mignonne,
La chanson d’Olympia, d’Olympia!
Ah!… ah!…
Ah!… ah!…
Voilà la chanson mignonne,
La chanson d’Olympia, d’Olympia!
Ah!… ah!…
LE CHŒUR DES INVITÉS
C’est la chanson d’Olympia,
La chanson d’Olympia,
C’est la chanson d’Olympia!
OLYMPIA
Ah!… ah!… ah!…
HOFFMANN
Ah! mon ami! quel accent!
NICKLAUSSE
Quelles gammes! quelles gammes!
(Cochenille a enlevé la harpe et tout le monde s’est empressé autour d’Olympia qui remercie tour à tour de la main droite et de la main gauche. Hoffmann la contemple avec ravissement. Un laquais vient dire quelques mots à Spalanzani)
SPALANZANI
Allons, messieurs,
La main aux dames!
Le souper nous attend!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Le souper! le souper! le souper!
bon cela!
SPALANZANI
À moins qu’on ne préfère danser d’abord?
LE CHŒUR DES INVITÉS
Non! non! le souper bonne affaire!
Ensuite on dansera, on dansera!
SPALANZANI
Comme il vous plaira!
HOFFMANN
(s’approchant à Olympia)
Oserai-je?…
SPALANZANI
(intervenant)
Elle est un peu lasse;
attendez le bal.
(Il touche l’épaule d’Olympia)
OLYMPIA
Oui! oui!
SPALANZANI
Vous voyez! jusque-là
Voulez-vous me faire la grâce
De tenir compagnie à mon Olympia?
HOFFMANN
Ô bonheur!
SPALANZANI
(à part, en riant)
Nous verrons ce qu’il lui chantera!
NICKLAUSSE
(à Spalanzani)
Elle no soupe pas?
SPALANZANI
Non!
NICKLAUSSE
(à part)
Âme poétique!
(Spalanzani passe un moment derrière Olympia. On entend de nouveau le bruit d’un ressort qu’on remonte. Nicklausse se retourne)
NICKLAUSSE
Plaît-il?
SPALANZANI
Rien! la physique! ah! monsieur!
La physique!
(Il conduit Olympia à un fauteuil et l’y fait asseoir, puis il sort avec les invités)
COCHENILLE
Lee souper vouous attend!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Le souper nous attend, nous attend!
Non, aucun hôte vraiment,
Non mais vraiment.
Ne reçoit plus richement,
plus richement!
Non, aucun hôte vraiment,
Ne reçoit plus richement,
plus richement!
N° 10. Romance
HOFFMANN
(seul)
Ils se sont éloignés enfin!
ah! je respire!
Seuls! seuls tous deux!
(s’approchant à Olympia)
Que j’ai de choses à te dire!
O mon Olympia, laisse-moi t’admirer!
De ton regard charmant
laisse-moi m’enivrer!
(Il lui touche l’épaule)
OLYMPIA
Oui! oui!
HOFFMANN
N’est-ce pas un rêve enfanté par la fièvre?
J’ai cru voir un soupir
s’échapper de ta lèvre!
(Même jeu)
OLYMPIA
Oui! oui!
HOFFMANN
Doux aveu, gage de nos amours!
Tu m’appartiens!
Nos coeurs sont unis pour toujours!
Ah! comprends-tu, dis-moi,
Cette joie éternelle
Des coeurs silencieux?
Vivants, n’être qu’une âme
Et du même coup d’aile nous
élancer aux cieux!
Laisse, laisse ma flamme
verser en toi le jour!
Ah! laisse éclore ton âme
aux rayons de l’amour!
Laisse éclore ton âme
aux rayons de l’amour!
N° 11. Scène
(Il presse la main d’Olympia avec passion; celle-ci, comme si elle était mue par un ressort, se lève aussitôt, parcourt la scène en différents sens et sort enfin par une des portes du fond, sans se servir de ses mains pour écarter la tapisserie)
HOFFMANN
(suit Olympia dans ses évolutions)
Tu me fuis? qu’aije-fait?
Tu ne me réponds pas?
Parle! t’ai-je irritée?
Ah! je suivrai tes pas!
(Au moment où Hoffmann va s’éloigner à la suite d’Olympia, Nicklausse paraît)
NICKLAUSSE
(à Hoffmann)
Eh! morbleu! modère ton zèle!
Veux-tu qu’on se grise sans toi?
HOFFMANN
(avec ivresse)
Nicklausse, je suis aimé d’elle!
Aimé! Dieu puissant!
NICKLAUSSE
Par ma foi! si tu savais ce qu’on dit
de ta belle!
HOFFMANN
Que peut-on dire? quoi?
NICKLAUSSE
Qu’elle est morte…
HOFFMANN
Dieu juste!
NICKLAUSSE
…ou ne fut pas en vie!
HOFFMANN
(avec ivresse)
Nicklausse, je suis aimé d’elle!
Aimé! Dieu puissant!
(Il sort rapidement. Nicklausse le suit)
COPPÉLIUS
(entrant furieux par la petite porte de gauche)
Voleur! brigand! quelle déroute!
Elias a fait banqueroute!
Va! je saurai trouver le moment opportun
Pour me venger!
Volé! volé! moi! je tuerai quelqu’un!
(Les tapisseries du fond s’écartent. Coppélius se glisse dans la chambre d’Olympia)
N° 12. Finale
SPALANZANI
Voici les valseurs!
COCHENILLE
Voici la a ritournelle!
HOFFMANN
(à Olympia)
C’est la valse qui nous appelle!
SPALANZANI
(à Olympia)
Prends la man de monsieur,
mon enfant!
(Il lui touche l’épaule)
Allons!
OLYMPIA
Oui! oui!
(Hoffmann et Olympia valsent; ils disparaissent ensuite dans le fond de la galerie)
LE CHŒUR DES INVITÉS
Elle danse
En cadence,
C’est merveilleux,
Prodigieux!
Place! place!
Elle passe,
Elle fend l’air
Comme un éclair!
Elle danse,
En cadence,
C’est merveilleux,
Prodigieux!
Place! place!
Elle passe,
Elle fend l’air
Comme un éclair!
HOFFMANN
(dans la coulisse)
Olympia!
SPALANZANI
Qu’on les arrête! qu’on les arrête!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Qui de nous les arrêtera?
(Hoffmann et Olympia reparaissent et descendent en scène en valsant de plus en plus vite. Nicklausse s’élance pour les arrêter, mais il est violemment bousculé et va tomber sur un fauteuil en tournant plusieurs fois sur lui-même)
NICKLAUSSE
Elle va lui casser la tête!
Eh! mille diables!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Patatra!
SPALANZANI
(s’élançant à son tour)
Halte-là!
(Il touche Olympia à l’épaule. Elle s’arrête subitement. Hoffmann étourdi va tomber sur un canapé)
Voilà!
Assez, assez, ma fille!
(Il touche Olympia qui se tourne vers la droite)
OLYMPIA
Oui!…
SPALANZANI
Il ne faut plus valser!
OLYMPIA
Oui!
SPALANZANI
Assez, assez, ma fille;
Toi, Cochenille,
Reconduis la!
COCHENILLE
Va-a donc! va-a donc! va!
OLYMPIA
Oui! Ah!… Ah!…
LE CHŒUR DES INVITÉS
Elle est très bien!
(Olympia sort par la droite, suivie de Cochenille)
NICKLAUSSE
(d’une voix dolente en regardant Hoffmann)
Est-il mort?
SPALANZANI
(examinant Hoffmann)
Non! en somme son lorgnon seul est en débris.
Il reprend ses esprits.
LE CHŒUR DES INVITÉS
Pauvre jeune homme! Pauvre jeune homme!
NICKLAUSSE
Il reprend ses esprits.
LE CHŒUR DES INVITÉS
Pauvre jeune homme! Pauvre jeune homme!
COCHENILLE
(dans la coulisse)
Ah!
(Il entre en scène, la figure bouleversée)
SPALANZANI
Quoi?
COCHENILLE
L’homme aux lunettes, là!
SPALANZANI
Miséricorde! Olympia!
HOFFMANN
Olympia!
(Spalanzani va pour s’élancer; on entend dans la coulisse un bruit de ressorts qui se brisent avec fracas)
SPALANZANI
Ah! terre et cieux! elle est cassée!
HOFFMANN
(se levant, puis disparaissant par la droite)
Cassée?
COPPÉLIUS
(entrant en riant aux éclats)
Ha! ha! ha! ha! oui, fracassée!
SPALANZANI
Gredin!
(ils se prennent au collet)
COPPÉLIUS
Voleur!
SPALANZANI
Brigand!
COPPÉLIUS
Païen!
SPALANZANI
Bandit!
COPPÉLIUS
Pirate!
(Hoffmann paraît, pâle et épouvanté. Il se laisse tomber sur un fauteuil. Nicklausse cherche à le calmer. Éclat de rire général)
HOFFMANN
Un automate! Un automate!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Ha! ha! ha! la bombe éclate!
Il aimait un automate!
SPALANZANI
Mon automate!
COPPÉLIUS
Ah! ah! Il est fracassè! fracassè!
COCHENILLE
Pauvre automate!
LE CHŒUR DES INVITÉS
La bombe éclate!
Il aimait un automate!
SPALANZANI
Ah! terre et cieux!
Mon pauvre automate est cassé!
COPPÉLIUS
Pauvre automate fracassé!
Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah!
COCHENILLE
La bombe éclate! Un automate!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Il aimait un automate, il aimait un automate.
SPALANZANI
Il est cassé! cassé!
Gredin! Paien! Gredin! Paien!
COPPÉLIUS
Il est fracassè! fracassè! fracassé!
Voleur! brigand! voleur! brigand!
LE CHŒUR DES INVITÉS
Il aimait un automate,
Il aimait un automate! un automate!
SPALANZANI
Gredin! Paien!
Pauvre automate! pauvre automate!
COPPÉLIUS
brigand!
Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah!
Pauvre automate!